Un peu d'histoire

Le Range Rover de 1970 à 2002

Prévu depuis de longues années, le projet « Pegasus » ne prit forme qu'à la fin de l'année 1989. Il fallait moderniser le Range Classic, devenant vieillot depuis la sortie du Discovery. Mais les indiscrétions et la curiosité des journalistes amenèrent Land Rover à changer le nom du projet, pour quelque chose de moins évocateur. Ils décidèrent d'adopter le numéro inscrit sur le bâtiment de Solihull, P38, servant à la création (dessins, maquettes, et essais). Le nouveau Range Rover P38 est présenté pour la première fois le 29 septembre 1994.

Land Rover Range Rover Le Lord globe-trotter.

Après trente-cinq ans de légende et d’aventures, le Range Rover demeure le phénix du marché 4x4. En grand seigneur, cet aristocrate de l’essieu buissonnier a signé les plus belles pages du prestige tout-terrain. Noblesse oblige !

Naissance du Range

À la fin des années 60, la production atteint, annuellement, plus de 50 000 véhicules et elle ne cesse de croître ! Désormais, différentes options de carrosserie et de longueur de châssis peuvent satisfaire la grande diversité des clients et des utilisations.

C'est à cette période que naît l'idée de combiner les facultés d'un Land Rover aux qualités d'accueil et de confort d'une berline. La gestation sera longue, mais la découverte du premier Range Rover en juin 1970 confirme que cela méritait d'attendre. Voilà un nouveau best-seller qui se profile pour Land Rover.

Avec sa prestance et ses performances, il révolutionne le petit monde des véhicules tout-terrain. Ses ressorts hélicoïdaux préservent nos vertèbres et l'on s'aperçoit qu'avant lui les suspensions des 4x4 restaient à inventer. 

Lorsque le Range a fait son apparition, la plupart des véhicules tout-terrain avaient le profil militaire, utilitaire ou rural, un esprit corvéable, une âme de petit camion à peine dégrossi qui faisait le bonheur de tous les professionnels, agriculteurs ou chefs de chantiers. Pour les baroudeurs au long cours, les voyageurs infatigables et les raiders de tous poils, c’était à prendre ou à laisser !

Mais le Range est arrivé. Un prodige de confort, une dégaine aristocratique et luxueuse, de l’audace technique et d’étonnantes capacités de franchissement, Land Rover avait trouvé le truc pour révolutionner la discipline.

Une réussite. Un engin hors normes que tous les observateurs saluaient comme le roi des 4x4. Un monarque qui, depuis lors, a toujours toisé les autres candidats au dépaysement avec la dignité d’un prince de la découverte.

Elégance et compétence

1970: le Range Rover révolutionne l’univers du tout-terrain Le choc Range Rover, car s’en était un, créait l’évènement. Il rejoignait l’élite de la production automobile, il prêchait un style de vie. Aux antipodes de la Jeep spartiate qui tenait lieu jusqu’alors de rat du désert et de lutin des sous-bois, il partait en guerre contre l’archaïsme, la rusticité et la banalité.

Il flottait un parfum de prestige dans son sillage, il y avait du style et de l’orgueil dans son intimité mécanique : quatre roues motrices en permanence pour épouser les méandres d’un relief hostile, quelques éléments de carrosserie en aluminium pour mieux supporter l’agression des climats extrêmes, un moteur V8 afin de conquérir le monde et mettre les pistons en sourdine.  Le Range s’adressait à des connaisseurs, du moins à des amateurs avertis. Né sous d’heureux auspices, il a galvanisé son public. Il a mûri sa personnalité, il s’est épanoui au fil d’une carrière qui ne manque ni d’exotisme, ni de richesse ou de mutations. Dans sa biographie, on trouve un cocktail de cylindrées, des dispositifs d’alimentation moteur par carburateurs ou par injection électronique, on y découvre des systèmes de suspension classiques ou pneumatiques, assortis ou non de barres stabilisatrices, ainsi que des boîtes de vitesses automatiques ou manuelles à quatre ou à cinq rapports.

En 1981, le Range Rover se décline aussi en 5 portes D’ailleurs, lorsqu’il effectue ses premiers tours de roues, à l’aube des années 70, l’engin n’a pas encore l’étoffe et le brio que le modèle de troisième génération nous offre aujourd’hui. Il n’est alors proposé qu’en trois portes, animé par un V8 3,5 litres de 126 ch obtenus par l’intermédiaire d’antiques carburateurs à cloche double corps.

La transmission reçoit de son côté un différentiel central à glissement limité. Il faudra attendre six mois avant qu’il ne bénéficie d’un vrai blocage à commande mécanique.

Toutefois, Land Rover n’a pas à rougir de son poulain. Les ingénieurs anglais ont fait du beau travail en dépit de faiblesses endémiques, qui de temps en temps, rappellent les aléas industriels des productions britanniques de cette époque. Les premiers objectifs sont visiblement atteints, la preuve étant fournie par une jeunesse relativement calme, sans grands changements onze ans durant, en dehors de légères retouches de gamme et autres petites modifications de puissance qui font successivement grimper le V8 à 128 ch et 132 ch. Quelques étapes importantes néanmoins : le lancement de la carrosserie cinq portes en 1981, l’option boîte de vitesses automatique pour l’automne 1982 et l’introduction d’une boîte manuelle à cinq rapports au début de l’été 1983.

Vingt ans de créativité

 En 1992, un Vogue de 4,3 litres de 200 ch s'habille de cuir et de bois

A partir de la fin 1985, la fécondité des bureaux d’étude Land Rover s’accélère. La BVA reçoit quatre rapports et la version Vogue V8 de 168 ch enrichit la gamme. Mais le constructeur phosphore depuis longtemps sur un Range plus populaire et, surtout, plus abordable. Le diesel, illustré par un moteur italien VM de 106 ch, donne au catalogue un deuxième visage, très controversé, il va sans dire, par les puristes. Les premiers exemplaires roulent en Angleterre en avril 1986 et ne débarquent sur le sol français que pour le millésime 1987.

Tenace, le Range scelle dès lors son destin. En mars 1988, la nouvelle version Vogue SE se fait remarquer par son raffinement, et en novembre 1988, la transmission opte pour le viscocoupleur et le transfert à chaîne.

Exactement un an plus tard, on salue le nouveau 3,9 litres V8 de 182 ch, l’option ABS, ainsi que l’augmentation de cylindrée du diesel (2 500 cm3 au lieu de 2 392 cm3) qui développe désormais 121 ch.

Sur toutes les évolutions de la gamme, le moteur V8 illustre la noblesse du modèle Dès le début des années 90, les archives montrent que les évolutions se succèdent à rythme plus soutenu. Au mois de janvier 1991, le châssis reprend de l’assurance et de la crédibilité en adoptant les barres stabilisatrices. En mars, un Vogue 5 portes, 5 places anoblit le caractère de la motorisation turbo diesel.

D’autres évolutions jalonnent un parcours sans répit. Juillet 1992 : les séries spéciales « Spring » et « Balmoral », qui disparaîtront en 1993. Octobre 1992 : un Vogue V8 LSE 4,3 litres de 200 ch s’habille de cuir et de bois, reçoit une suspension pneumatique sur un empattement rallongé, la gamme standard bénéficie de plusieurs modifications de présentation et d’équipement.

Au printemps 1993, le moteur VM est abandonné au profit d’un moteur maison de 113 ch, emprunté au Discovery, opérationnel dès le mois de juillet. Février 1994 : la boîte R380 épaule la mécanique du Range TDi.

Le diesel prend du galon en 1994 avec le 2,5 litres BMW de 136 ch A l’automne 1994, Rover et Land Rover deviennent en quelque sorte les satellites du constructeur allemand BMW. Une toute nouvelle génération, la deuxième du nom, prend le relais.

Le Range se métamorphose. Esthétiquement plus moderne, il se flatte d’un équipement haut de gamme et de solutions techniques plus pointues avec, entre autres, la suspension pneumatique comme standard de gamme.

Tandis que le catalogue V8, entièrement refondu, accueille un 4.0 de 190 ch, ainsi que le pharaonique 4.6 HSE de 225 ch qui brille par son aménagement, sa boîte automatique et son antipatinage jumelé à l’ABS.

La version Vogue se fait remarquer par son raffinement. En vérité, bien avant l’arrivée de la troisième génération, en 2002, le Range a retrouvé la sérénité et la stabilité commerciale de ses jeunes années. Son curriculum fait état d’une option boîte automatique à double grille en « H » à partir de septembre 1995, d’une série spéciale et de versions 4.0 SE remaniées à l’occasion du 25ème anniversaire, de la très luxueuse série limitée « Holland et Holland » introduite en octobre 1997, d’une mise à jour en juillet 1998 illustrée par les airbags latéraux et l’antipatinage ETC aux quatre roues, et enfin de la série spéciale « Hastings » lancée en septembre 1998.

D’un bout à l’autre de sa carrière, le Range est l’exemple même du 4x4 accompli. Même avec de nombreux kilomètres au compteur, sa vitalité en VO et sa fréquente renaissance entre les mains d’un deuxième ou d’un troisième propriétaire témoigne de sa notoriété. Son journal de bord est prolifique et son carnet de route doré sur tranche.

Une grande famille !

 L'histoire de Land Rover n'est pas près de se terminer et surtout de fasciner. Après le Range Rover, la famille s'est agrandie. Fin 1989 est apparu le Discovery, un véhicule plus abordable que le très aristocratique Range Rover. Puis viendront tour à tour le Freelander, en 1997, et le Range Rover Sport, en 2005. Enfin, en 2011, l'Evoque fera du Range Rover une gamme à part entière.

Quant au Land Rover des origines, après maintes évolutions, il poursuit aujourd'hui sa carrière sous le nom et les traits du Defender. Une série spéciale célèbre d'ailleurs le 65e anniversaire de sa naissance: le LXV (65 en chiffres romains), réalisé sur la base d'un Defender 90 et limité à 65 exemplaires pour la France.

Histoire du V8

En 1961 naquît aux Etats-Unis le moteur devenu sans aucun doute le plus mythique... en Grande Bretagne. Destiné dans un premier temps par General Motors à la Buick 215 et à l'Oldsmobile Jetfire turbo, ce V8 3.5l remarquable par sa légèreté termine sa carrière aux Etats-Unis en 1965 après seulement quatre années, avant que sa licence et les outils pour le construire ne soient vendus à Rover à l'initiative du directeur de la marque de l'époque, William Martin-Hurst. Sa production redémarre à Solihull et ce n'est que le début d'une longue histoire. Pendant plus de 40 ans, ce moteur, dont la cylindrée passera de 3.5l jusqu'à 4.6l suivant ses affectations, se retrouvera sous les capots de la crème de la production britannique, comme les Land Rover Defender, Discovery et Range Rover, les Rover P5B, P6 et SD1, la MGB GT, des Triumph, Morgan et TVR dont les Chimaera et Griffith...Il devient aussi très populaire dans le monde des hotrods et des voitures en kit, très populaires outre manche, et ira même jusqu'à équiper l'équipe Brabham de Formule 1. Couronnement de son règne, il sera même déclaré en 2005 « meilleur moteur de tous les temps » par le magazine Engine Technology International. Cependant, en 2006, ce V8 ne respecte plus aucune norme d'émissions et sa carrière en tant que moteur d'origine dans des productions de grande série est définitivement terminée. Mais malgré cette mort programmée et afin de continuer à pouvoir fournir des échanges standards et des pièces détachées en cas de besoin pour les véhicules déjà existants, Land Rover a contacté la société MCT basée dans le Somerset pour en continuer la production. Le V8 Rover est mort, vive le Rover V8 !

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